Femme noire, femme africaine, ô toi, ma mère, je pense à toi ...
Ô Daman, ô ma mère, toi qui me portas sur le dos, toi qui m'allaitas, toi qui gouvernas mes premiers pas, toi qui la première m'ouvrit les yeux aux prodiges de la terre, je pense à toi ...
Femme des champs, femmes des rivières, femme du grand fleuve, ô toi, ma mère, je pense à toi ...
Ô Dâman, ô ma mère, toi qui essuyais mes larmes, toi qui me réjouissais le coeur, toi qui, patiemment, supportais mes caprices, comme j'aimerais encore être près de toi, être enfant près de toi !
Femme simple, femme de la résignation, ô toi ma mère, je pense à toi ...
Ô Dâman, Dâman de la grande famille des forgerons, ma pensée toujours se tourne vers toi, la tienne à chaque pas m'accompagne, ô Daman, ma mère, comme j'aimerais encore être dans ta chaleur, être enfant près de toi ...
Femme noire, femme africaine, ô toi, ma mère, merci ; merci pour tout ce que tu fis pour moi, ton fils, si loin, si près de toi !
C'était une poésie de Camara Laye, dans "L'enfant noir" aux éditions Plon